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mathieu bock-côté - Page 7

  • La Russie et nous...

    Le nouveau numéro de la revue Conflits (n°11, octobre-novembre-décembre 2016), dirigée par Pascal Gauchon, vient de sortir en kiosque. Le dossier central est consacré aux relations entre la Russie et l'Europe.

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    Au sommaire de ce numéro :

    ÉCHOS

    ÉDITORIAL

    Retour au XIXe siècle, par Pascal Gauchon

    ACTUALITÉ

    ENTRETIEN

    Jean-François Colosimo. La Russie et l'ordre du monde

    PORTRAIT

    Justin Trudeau et le "rêve canadien", par Mathieu Bock-Côté

    ENJEUX

    Le Royaume-Uni reprend le large, par Hadrien Desuin

    ENJEUX

    Les jeunes contre le Brexit ?, par Helena Voulkovski

    ENJEUX

    Timor oriental. La Cendrillon de l'Asie du sud-est, par Tigrane Yégavian

    ENJEUX

    Pour suivre les élections américaines, par John Mackenzie

    MÉMOIRES CONFLITS

    Islam et islams malais, par Maxime Arquillière, Florent Clément et François Hiraux

    IDÉES

    De quoi la Realpolitik est-elle le nom ?, par Florian Louis

    GRANDE STRATÉGIE

    L'empire arabe : la grandeur fantasmée, par Pierre Royer

    GRANDE BATAILLE

    Hastings (14 octobre 1066). Quand l'Angleterre s'arrimait au continent, par Pierre Royer

    BOULE DE CRISTAL DE MARC DE CAFÉ

    Intellectuels maoïstes. Comment leur dire merci ?, par Jean-Baptiste Noé

    BIBLIOTHÈQUE GÉOPOLITIQUE

    John J. Mearsheimer : un réaliste offensif, par Gérard Chaliand

    CHRONIQUES

    LIVRES/REVUES/INTERNET /CINÉMA

    GÉOPO-TOURISME

    Saint-Pétersbourg, ex-capitale, par Thierry Buron

     

    DOSSIER : La Russie et nous

    Le Russie et nous, par Pascal Gauchon

    Bruxelles et Moscou, deux grammaires de puissances, par Florent Parmentier

    Europe : 28 représentations de la Russie, par Pascal Marchand

    Europe/Russie. Les sujets qui fâchent, par Tigrane Yégavian

    Du panslavisme à la diplomatie énergétique, par Alexandre Moustafa

    L'Europe aux portes de Saint-Pétersbourg, par Eric Mousson-Lestang

    Bouclier anti-missile : le grand jeu nucléaire relancé, par Hadrien Desuin

    Qui gagne aux sanctions ?, par Pascal Marchand

    Indépendance énergétique : le dilemme européen, par Alexandre Latsa

    Le meilleur allié de la Russie ? Le Saint-Siège !, par Jean-Baptiste Noé

    L'aigle bicéphale : symbole géopolitique de la Russie, par Alexei Soloviev

    Le soft power de la Russie, par Didier Giorgini

    ENTRETIEN

    Thomas Gaumart : Russie, Chine, Etats-Unis. Qui est de trop ?, propos recueillis par Hadrien Desuin

    L'HISTOIRE MOT À MOT

    Churchill à propos de l'URSS, par Pierre Royer

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  • Burkini : derrière la laïcité, la nation...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Mathieu Bock-Côté, cueilli sur le Figaro Vox et consacré à la polémique autour du burkini. Québécois, l'auteur est sociologue et chroniqueur à Radio-Canada et est déjà l'auteur de plusieurs essais. Il vient de publier Le multiculturalisme comme religion politique aux éditions du Cerf.

     

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    Burkini : derrière la laïcité, la nation

    Longtemps, devant la poussée de l'islamisme conquérant et la progression des mœurs qu'on lui associe, la France a cru que la laïcité était sa meilleure, et peut-être même sa seule ligne de défense. C'est en son nom que la France a cherché, sans trop y parvenir nécessairement, à contenir la progression du voile musulman, qui s'est d'abord présentée comme une revendication politique à l'école. Il fallait, disait-on, lutter contre les signes religieux ostentatoires et éviter le débordement des religions dans l'espace public mais on refusait plus souvent globalement de nommer l'islam, qui ne poserait pas de problèmes spécifiques. Tout comme la République avait remis le catholicisme à sa place en d'autres temps, elle se tournerait aujourd'hui vers l'islam. C'était le grand récit de la laïcité sûre d'elle-même.

    Au fil du temps, toutefois, on a constaté que la laïcité était moins efficace que prévu devant une religion qui n'était pas simplement un double du catholicisme - toutes les religions ne sont pas interchangeables, d'ailleurs. Les mauvais esprits notèrent que la laïcité se montra à l'endroit de l'islam bien plus clémente qu'elle ne l'avait jamais été envers le catholicisme. Surtout, on a constaté que la laïcité laissée à elle-même, détachée de ce qu'on pourrait appeler les mœurs françaises, peut-être retournée contre les objectifs qu'on lui avait assignés. Ces dernières années, on a assisté à une redéfinition minimaliste de la laïcité, qui ne devrait plus chercher à contenir publiquement l'expression des religions. Et si un individu entend exprimer ses préférences spirituelles avec des vêtements particuliers, il devrait en être libre, même si la chose peut choquer une majorité vite accusée d'être frileuse et bornée.

    On accusera surtout la laïcité de ne pas être neutre culturellement. La laïcité à la française serait d'abord et avant tout française. On lui reprochera même d'être le masque universaliste d'une culture particulière, qui chercherait, à travers elle, à maintenir et reconduire ses privilèges - c'est d'ailleurs le mauvais procès qu'on fait souvent au monde occidental, en oubliant que l'universalité n'est jamais immédiate et qu'elle a besoin, conséquemment, de médiations. Ceux qui souhaitent une société absolument universaliste, purifiée de son ancrage historique particulier, désirent en fait une société déracinée et désincarnée, délivrée de son expérience historique. Le modèle du patriotisme constitutionnel habermassien n'est pas adapté à l'homme réel. La culture n'est pas extérieure à l'homme, elle est constitutive de son identité.

    Paradoxalement, il y a une part de vérité dans ce procès: la laïcité à la française est effectivement inscrite dans une culture particulière, mais elle n'a pas à rougir de cela. Elle en représente certainement un pan important: c'est à travers la laïcité que la France entend réguler politiquement les religions. On ne saurait toutefois faire de la laïcité la seule expression légitime de l'identité française, qui la transcende et la déborde. Mais les nations occidentales, et la France ici connaît le même sort que les autres, ont tellement de difficulté à penser et assumer leur particularisme historique et leur héritage culturel singulier qu'elles ne savent plus vraiment comment lui assurer une traduction politique. Dès lors qu'on ne définit plus la nation comme une réalité historique mais comme une communauté de valeurs, on tombe dans ce piège qui condamne la nation à l'impuissance parce qu'elle ne parvient plus à expliciter son identité.

    C'est tout cela que fait ressortir la querelle du burkini, qui ne porte pas que sur un morceau de vêtement, mais qui est un des signes visibles d'une forme d'agressivité identitaire à l'endroit des sociétés occidentales. La question du burkini, autrement dit, révèle l'impensé culturel de nos sociétés. C'est ce que disait à sa manière Henri Guaino en soutenant qu'elle posait moins un problème à la laïcité au sens strict qu'un problème de civilisation. En d'autres mots, on ne saurait se contenter d'une défense désincarnée de la civilisation occidentale, mais on devrait et on devra trouver une manière d'assumer politiquement la notion d'identité collective, chaque nation le faisant à sa manière, naturellement. De quelle manière conjuguer la citoyenneté avec les mœurs et inscrire l'identité dans la vie commune?

    La chose n'est pas simple. Un certain libéralisme a complètement remodelé l'imaginaire démocratique en poussant à la privatisation complète des cultures, au point même de dénier leur existence. En parlant sans cesse de leur hybridité ou de la leur diversité, on en vient à croire qu'elles sont insaisissables et dénuées d'ancrages dans le réel. C'est faire fausse route. Si une culture n'est pas une essence, non plus d'une substance à jamais définie, comme si elle était dégagée de l'histoire, elle n'est pas sans épaisseur concrète non plus. Une culture, en fait, se noue dans un rapport à l'histoire et en vient à modeler l'expérience humaine de manière particulière. Elle s'exprime à travers des mœurs, qui lient une société au-delà des simples formes juridiques. Toutefois, car on ne saurait codifier juridiquement les mœurs sans les tuer ou les étouffer, de quelle manière conserver une culture sans pour autant l'enfermer dans un carcan juridique?

    La thèse est proscrite dans la sociologie officielle, mais toutes les cultures ne sont pas faites pour cohabiter dans un même espace politique. Ce qui heurte autant le commun des mortels dans le burkini, c'est qu'il représente un symbole agressif et militant du refus de l'intégration au monde occidental par une frange de l'islam qui ne doute pas de son droit de conquête. Il est devenu emblématique d'un communautarisme qui se définit contre la société d'accueil et qui entend même contester de la manière la plus visible qui soit sa manière de vivre et ses représentations sociales les plus profondes. Si le burkini heurte autant, c'est qu'il symbolise, bien plus qu'un refus de la laïcité. Il représente un refus de la France et de la civilisation dans laquelle elle s'inscrit. C'est le symbole militant d'une dissidence politique hostile qu'un relativisme inquiétant empêche de voir.

    Le burkini inscrit une frontière visuelle au cœur de l'espace public entre la nation et un islam aussi rigoriste que radical qui réclame un monopole sur la définition identitaire des musulmans, qu'il ne faudrait d'ailleurs pas lui concéder. Combattre le burkini s'inscrit ainsi dans une longue bataille qui s'amorce à peine contre un islamisme conquérant qui veut faire plier les sociétés européennes en imposant ses codes, et cela, en instrumentalisant et en détournant plus souvent qu'autrement les droits de l'homme, car il travaille à déconstruire la civilisation qui a imaginé les droits de l'homme. C'est dans une même perspective que la France a décidé d'interdire le voile intégral dans les rues ou les signes religieux ostentatoires à l'école. Il n'y a rien de ridicule à prendre au sérieux la portée politique de tels vêtements.

    En un sens, il faut pousser l'islam à prendre le pli du monde occidental. Une pédagogie compréhensive ne suffira pas: il faut, d'une manière ou d'une autre, rappeler que la civilisation occidentale n'est pas optionnelle en Occident et que la culture française n'est pas optionnelle en France. C'est ainsi qu'à terme pourra émerger un islam de culture française acceptant d'évoluer dans un pays laïc de marque chrétienne. De ce point de vue, l'interdiction du burkini est légitime, même si certains peuvent préférer d'autres solutions. Les pays anglo-saxons qui se gaussent et ridiculisent la France en l'accusant de faire de la politique autour d'un maillot de bain témoignent d'un aveuglement politique effarant. En sermonnant la France, ils célèbrent leur propre vertu de la tolérance, sans se rendre compte qu'ils ont déjà capitulé en banalisant des pratiques ségrégationnistes.

    Et encore une fois, la gauche multiculturaliste se laisse prendre dans un piège qui l'amène à embrasser une pratique communautariste objectivement régressive qu'elle dénoncerait vigoureusement si elle se réclamait de la religion catholique. Mais elle est tellement habitée par le fantasme d'un Occident néocolonial et islamophobe qu'elle embrasse systématiquement tout ce qui le conteste. La sacralisation des minorités et de leurs revendications, quelles qu'elles soient, repose d'abord sur une diabolisation des majorités, toujours accusées d'être frileuses, portées au repli identitaire et animées par une pulsion xénophobe qu'il faudrait étouffer. Le burkini devient alors paradoxalement le nouveau symbole du combat pour les droits de l'homme, désormais associé aux revendications d'un islam qu'on s'imagine persécuté en Occident.

    On me permettra une dernière considération. Pour peu qu'on reconnaisse qu'une civilisation, fondamentalement, noue ses premiers fils anthropologiques dans la définition du rapport entre l'homme et la femme, on peut croire que c'est la grandeur du monde occidental d'avoir mis de l'avant l'idée d'une visibilité de la femme, appelée à prendre pleinement ses droits dans la cité. Le burkini témoigne d'un tout autre rapport au monde: la femme, dans l'espace public, doit être voilée, masquée, dissimulée. Elle est ainsi niée et condamnée à l'effacement culturel. La question du burkini témoigne moins d'une querelle sur la laïcité que d'un conflit des anthropologies et d'une contradiction des codes les plus intimes qui les définissent. Quelle que soit la solution politique ou culturelle retenue, le monde occidental ne doit pas céder aux illusions humanitaires qui l'amèneraient à banaliser un symbole aussi ouvertement hostile à son endroit.

    Mathieu Bock-Côté (Figaro Vox, 18 août 2016)

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  • La revue de presse d'un esprit libre... (18)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    • Des outils d'espionnage de l'unité d'élite de la NSA publiés par des pirates :

    http://www.lemonde.fr/pixels/article/2016/08/18/des-outils-d-espionnage-de-l-unite-d-elite-de-la-nsa-publies-par-des-pirates_4984544_4408996.html
    Bernard Lugan sur Katehon. La France et l'Afrique face à l'offensive islamiste :
    http://katehon.com/fr/article/la-france-et-lafrique-face-loffensive-islamiste-entretien-avec-bernard-lugan
    • Excellent entretien de Gilbert Collard avec Bernard Lugan à propos de la somme qu'il vient de publier sur l'Histoire de l'Afrique du Nord au Rocher :
    https://www.youtube.com/watch?v=ZePv-84yrbU
     
    Jean-Claude Empereur a publié dans le numéro d'avril-juin 2016 de la Revue politique et parlementaire un excellent article consacré à L'Europe dans la tourmente, repris ici par Katehon :
     
    http://katehon.com/fr/article/europe-mondialisation-et-grands-recits-geopolitiques

    • La société française bascule-t-elle vers l'extrême droite ? Une émission de France culture avec Nicolas Lebourg qui publie bientôt des Lettres aux Français qui croient que cinq ans d'extrême droite remettraient la France debout, Jérome Fourquet qui vient de publier une étude sur Le spectre de la guerre civile (que cherchent les islamistes), Stéphane François qui comme N. Lebourg récuse toute assimilation de la situation présente avec le contexte des années trente. Tous deux s'accordent en revanche à rapprocher l'actualité avec ce qui s'est passé en France dans les années précédant la première guerre mondiale avec une remise en cause de la logique libérale. Les changements de la donne géopolitique procèdent au changements de paradigme de l'extrême droite.
     
    https://tempspresents.com/2016/08/15/terrorisme-droitisation-france/

    • Une intéressante étude parue sur le site du Mouvement Anti-Utilitariste dans les Sciences Sociale (MAUSS) sur la ville durable comme fard de la ville néo-liberale :
     
    http://www.journaldumauss.net/?La-ville-durable-comme-fard-de-la

    • À propos du décès de l'historien Ernest Nolte, le site Theatrum belli re-publie un entretien avec ce grand historien enregistré sur Canal Académie avec Christophe Dickès :
     
    http://www.theatrum-belli.com/deces-hier-de-lhistorien-et-philisophe-allemand-ernst-nolte-93-ans/

    • Pour Slobodan Despot qui se penche ici sur la vie politique telle qu'elle ne va plus, nous avons dépassé le stade de la politique démocratique et parlementaire, de l'État de droit et de tout l'héritage de la modernité européenne auxquels, par sentiment de loyauté de nombreux Européens demeurent, hélas, fidèles. Citant Lev Goumilev et Alexandre Zinoviev, il montre que nous avons secrété un "antisystème" nécrosé enfanté de nos valeurs et de notre prospérité retournées contre elle-mêmes. Un texte sans illusion, recru de dégoût et de lassitude devant l'impolitique qui caractérise notre époque, mais loin d'être désespéré. Issu de sa chronique dominicale (car le dimanche, on doute)  hebdomadaire intitulée L'antipress
     
     
    • Hors de l'Église politiquement correcte, point de salut ! Le discours des nouveaux curés qui entendent dicter nos comportements et nos pensées ressemble beaucoup à l'ancienne rhétorique cléricale selon Mathieu Bock-Côté, qui se prononce avec fougue contre le parti des culs-bénits et ses chaisières de confort :
     
    http://www.causeur.fr/bien-pensance-politiquement-correct-hygienisme-immigration-genre-39697.html

    • Dans un entretien roboratif accordé au Figaro le libéral Brice Couturier prenant Raymond Aron comme modèle et la "résistance" comme étendard dénonce le "parti des médias" aveuglé par ses bons sentiments. Cet ancien de la rédaction de la revue néo-conservatrice Le meilleur des mondes qui demeure attaché à la logique des droits de l'homme annonce également qu'il rend son tablier de chroniqueur dans la matinale de France culture. Couturier, encore un effort pour rejoindre le camp de la dissidence! (Première référence). Nous donnons également le point de vue de l'OJIM qui dénonce les nombreuses tentatives de diversion qui sont devenues une spécialité des médias de grand chemin. Le mépris des réalités a de beaux jours devant lui (seconde référence) :
    http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/08/19/31002-20160819ARTFIG00333-brice-couturierle-parti-des-medias-et-l-intelligentsia-meprisent-la-realite.php
     
    http://www.ojim.fr/brice-couturier-fustige-le-parti-des-medias/

    Jure George Vujic réfléchit sur les notions d'hospitalité et de taqiya dans un article très affûté :
     

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    A propos du burkini
     
    • Mathieu Bock-Côté publie une excellente mise au point sur le burkini,  qui comme "signe visible d'agressivité identitaire" relèverait  à contrario notre impensé culturel. Il serait contre-productif néanmoins d'inscrire à notre générique cette affaire du burkini et de la prendre  trop au sérieux puisqu'elle n'est, comme beaucoup d'événements dont on sature l'opinion publique, qu'une stratégie de diversion déployée de façon à ne jamais aborder les véritables problèmes, comme le montre bien la gourmandise avec laquelle nos politiciens se sont emparés d'elle de Nicolas Sarkozy à Manuel Valls :
     
    http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/08/18/31001-20160818ARTFIG00185-condamner-le-burkini-pour-sauver-la-nation.php

    • Sur le site de Causeur Laurent Gayard déplume le storytelling de la créatrice "australienne" du burkini qui a reçu un fatwa approbatrice du grand mufti de Sydney, personnage haut en couleur qui ne recule devant aucune affirmation "complotiste" et misogyne... Le burkini jouit ainsi d'un merveilleux patronage pour habiller le lobbying islamique en  combat libertaire dans lequel n'aura pas manquer de sombrer le NPA "anticapitaliste" de Besancenot (seconde référence) :
     
     
     
    • Pour Catherine Kintzler, philosophe spécialiste de la laïcité, le port du burkini sur une plage publique, pas plus que le port d'une soutane ou d'une kippa dans la rue, ne relève d'une question de laïcité. C'est donc à tort que la municipalité de Villeneuve-Loubet a invoqué cet argument pour en proscrire l'usage. Le conseil d'État interprétant la loi n'a fait que s'y conformer. Selon elle l'affaire si elle soulève ainsi une fausse question laïque, ne signifie pas que le burkini soit de l'ordre de l'anecdotique. Ce n'est pas tant une question d'ordre juridique qu'une question politique qui engage la conception de la cité. Elle peut se résumer ainsi : le peuple souverain accepte-t-il le communautarisme islamique ou le repousse-t-il ?
     
     
    • Les contempteurs du burkini tournent autours du pot, c'est ce que constate Alain de Benoist qui trouve grotesques les polémiques et commentaires hystériques auxquels les politiciens ont prêté la main. D'après lui on se focalise d'autant plus sur le subalterne que l'on ne veut pas aller à l'essentiel, c'est à dire aborder frontalement la question de l'immigration laquelle ne saurait être réglée par une police des costumes :
     
     
    • Conclusion (provisoire) de l'affaire du burkini : le conseil d'État a tranché. Une décision qui ne plait guère à la Fondation Polémia qui en tire les bonnes conclusions. La laïcité ne suffit pas pour protéger l'identité française de l'islamisation :
     
     
    • L'avocat Régis de Castelnau se prononce sur le burkini avant (première référence) et après l'ordonnance du Conseil d'État qu'il relativise remettant à sa place l'interprétation qu'en a donné le quotidien de révérence (seconde référence) :
     
     
     

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    A propos de la Corse
     
    • La Corse laboratoire et emblème paradoxal de l'identité française. Sisco affirme haut et fort ce que la France rêve de dire sans oser le faire car la Corse est le lieu où l'esprit conservateur et nationaliste de la France est demeuré intact selon Frédéric Saint Clair. De pertinentes réflexions : 
     
     
    • Les Corses n'ont pas envie de recevoir des leçons de morale antiracistes et des cours de valeurs républicaines venant de gens qui ferment les yeux depuis si longtemps sur ce qui se passe dans les banlieues de l'immigration où les salafistes sont comme des poissons dans l'eau d'après Paul-françois Paoli :
     
     
    • Dans I-Média, une des émissions phares de Télé-LibertésJean-Yves Le Gallou propose une lecture alternative des événements de Sisco et revient sur leur traitement par les médias de propagande :
     
    • Pour Laurent Bouvet le camp d'été "décolonial" interdit aux "blancs" qui se déroule du 25 au 28 août montre que ceux qui se présentent comme la crème de l'antiracisme ne sont en fait que des essentialistes et  des discriminants raciaux comme ceux qu'ils entendent dénoncer. Curieusement Bouvet prend acte du "métissage" pour assurer que les races n'existent pas. On se demande dès lors ce qu'est le soit-disant "métissage". Une telle sophistique n'apporte guère d'éclaircissement sur une question pourtant cruciale. Assez bonne démonstration par ailleurs :
     
     
    Jean-Pierre Filliu qui soutient les "forces démocratiques" rebelles opposées à Bachar el Assad livre un article sur "Comment l'Amérique d'Obama ment sur la menace jihadiste" :
     
    http://filiu.blog.lemonde.fr/2016/08/19/comment-lamerique-dobama-ment-sur-la-menace-jihadiste/

    • Theatrum belli livre un entretien de Tancrède Josseran avec la revue Conflits sur le thème de la Turquie au coeur des relations internationales :
     
     
    • Comment analyser le modèle américain ? Émission d'Arnaud Guyot-Jeannin avec Alain de BenoistThibaud IsabelOlivier Dard et Philippe Immarigeon, enregistrée le O5/04/2016 :
     
    http://ekouter.net/comment-analyser-le-modele-americain-avec-alain-de-benoist-arnaud-guyot-jeannin-thibault-isabel-olivier-dard-et-philippe-immarigeon-chez-arnaud-guyot-jeannin-sur-radio-courtoisie-2590#

    • Un article croustillant sur Soros du journaliste Giampaolo Rossi publié dans Il Giornale, traduit ici par Danielle Borer. Le "philanthrope marionnettiste" s'y voit assimilé à Shelob, figure monstrueuse du Seigneur des Anneaux :
     
     
    Xavier Moreau évoque pour stratpol et les-non-alignés l'incompétence des instituts de recherche stratégiques français consultés par le gouvernement et les grandes entreprises. Au premier rang de ceux-ci, l'IFRI (Institut français des relations internationales) dont toutes les analyses de prospective sur les crises syriennes et ukrainiennes se sont révélées erronées :
     
     
    • Quels sont les think tanks oligarchiques les plus influents ? Une vidéo s'efforce de répondre de manière pédagogique :
    https://www.youtube.com/watch?v=szctbjsKNaY#t=761
    • Excellent texte de Richard Labévière, qui mis en rapport avec le précédant éclaire bien la situation présente de l'économie dont certains esprits bornés aimeraient nous faire croire qu'elle n'obéit qu'à la pure logique des marchés alors qu'elle fonctionne dans sa partie prédatrice avec l'aide des ONG. Il s'ouvre par une citation d'Hervé Juvin que voici : "l'application extra-territoriale du droit américain a détruit des entreprises françaises (Alcatel et Alstom notamment), elle a permis d’extorquer des milliards d’euros à des entreprises européennes. Elle s’apprête à attaquer Sanofi, Airbus, Safran et bien d’autres. Elle a pour prétexte la lutte anti-corruption, le respect des embargos américains, le combat anti-terroriste, pour objectif affiché l’efficacité économique, la moralisation des affaires, l’établissement des conditions d’une concurrence libre, ouverte et équitable partout dans le monde. Tout cela à l’appui d’un impérialisme juridique grandissant, tout cela au bénéfice de l’intérêt national américain. L’extra-territorialité du droit américain se propage à la faveur de l’abandon du droit international, de la faiblesse du régalien et de la négation de la puissance de mise en Europe. Elle constitue un élément majeur de la stratégie de « Global Constraint » – « contrainte globale » – qui renouvelle la stratégie de l’empire américain " (première référence). L'article de Labévière est suivi du débat entre Hervé Juvin et Christian Dargham sur l'extraterritorialité du droit américain, nouvelle figure juridique de l'impérialisme de la puissance "indispensable" :
     
     
    Pascal Boniface interroge Mathieu Slama à propos de son livre La Guerre des Mondes, réflexion sur la croisade de Poutine contre l'Occident (Édition de Fallois). Pour celui-ci ce qui se joue entre les pays occidentaux et la Russie est une opposition entre deux grandes visions du monde concurrentes. Excellent entretien sur la conception occidentale de l'universalisme qui ne célèbre Big Other que pour mieux l'asservir à la figure d'un semblable :
     
     
    • Selon Ingrid Riocreux, auteur du livre sur La langue des médias paru récemment aux éditions de L'Artilleur (Le Toucan), experts et médias ont traité, et traitent encore, l'épisode du Brexit d'après des idées préconçues qui relèvent plus du dogme que de l'analyse. Incontestablement, avec le Brexit, un bug s'est manifesté dans la matrice progressiste qui sert aux médias de vérité révélée. Quand il s'agit de sauver la validité des prédictions apocalyptique de tous les commentateurs autorisés à propos de la sortie de la Grande Bretagne de l'UE, tout n'est-il pas permis ? Remarquable analyse de linguistique appliquée, et ce qui ne gâche rien, fortement teintée d'humour. Comme l'écrit Marcel Gauchet dans Comprendre le malheur français, "le parti des médias ne parle pas des vrais problèmes, sinon sur un mode complètement biaisé" :
     
     
    • Pour Caroline Galactéros le choix est fait : ce sera Sarkozy. Elle pose cependant bien des conditions dont il n'est pas certain que le candidat fantasque les réalise autrement qu'en parole. Ses multiples revirements de la "double-peine" au droit de la nationalité et à la discrimination positive ne confinent-ils pas à l'incohérence d'un personnage sans conviction et qui règle son agenda sur les sondages ? :
     
     
    • Pour comprendre la crise du lait l'excellent site de réinformation Breizh-info a interrogé Noël Rozé de la Coordination rurale en Bretagne. Celui-ci dénonce le discours ambigüe de la FNSEA
    http://www.breizh-info.com/2016/08/26/48432/crise-lait-noe-roze-coordination-rurale-agriculteurs-europe
     
    • Sur Tv-Libertés, une intéressante émission d'Anne Brassié qui reçoit l'écrivain Luc-Olivier d'Algange tandis que le comédien Didier Carette lit des extraits de son oeuvre qui fustigent ce monde "festif" emmailloté de mille convenances absurdes qui participent de la disparition d'un des traits de notre civilisation; l'art de la conversation :
     
     
     
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  • Le réarmement moral passe par un retour au réel !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Mathieu Bock-Côté, cueilli sur Figaro Vox et consacré au déni du réel auquel nous habituent les représentants du système. Québécois, l'auteur est sociologue et chroniqueur à Radio-Canada et est déjà l'auteur de plusieurs essais. Il vient de publier Le multiculturalisme comme religion politique aux éditions du Cerf.

     

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    Déni d'islamisme : le réarmement moral passe par un retour au réel

    On commence à s'y habituer: à chaque attentat terroriste, une bonne partie du système médiatique active le logiciel du déni d'islamisme. Cela a aussi été le cas après l'attentat de Nice. Une chose semble plus importante encore que de pleurer les victimes et d'encombrer les lieux du crime de fleurs et de bougies: c'est de dépolitiser l'attentat. Dans la mesure du possible, on multipliera les hypothèses qui nous éloignent d'un constat pourtant enregistré depuis longtemps dans la conscience populaire: la paix perpétuelle à laquelle nous aspirions dans la dernière décennie du vingtième siècle a été fracassée une fois pour toutes. L'islamisme nous a déclaré la guerre. Il ne nous est plus possible de croire que la guerre appartient à la préhistoire de l'humanité occidentale et qu'il suffirait d'étendre à travers le monde la logique des droits de l'homme pour l'éradiquer une fois pour toutes. Mais le système médiatique travaille fort à nier cette réalité.

    Il y a d'abord la piste psychiatrique. Le terroriste serait un déséquilibré, un fou furieux, un maniaque, un psychopathe, mais pas un islamiste. En un mot, il n'y aurait aucune signification politique à un tel attentat: on devrait le considérer comme une forme de catastrophe naturelle - mais la nature qui se déchaînerait ici sur les sociétés serait la nature humaine et ses failles hantées par de sombres fantasmes de destruction. On ne saurait inscrire le crime dans une trame plus vaste et d'aucune manière, on ne devrait l'expliquer idéologiquement. Le crime n'est plus vraiment un crime: c'est un malheur, une malédiction, un rappel de la part incompréhensible de la condition humaine. C'est ainsi que plusieurs, comme le premier ministre canadien Justin Trudeau, ont parlé d'un acte «insensé» plutôt que de reconnaître dans l'attentat de Nice un épisode dans la guerre de l'islamisme contre l'Occident. Faut-il comprendre, dès lors, que les seuls terroristes qu'on prendra au sérieux sont ceux qui paient leurs impôts à temps, mangent de manière équilibrée et qui ont une connaissance fine du Coran?

    Il y a aussi la piste de l'exclusion sociale: l'homme qui se rendrait coupable d'un attentat serait en fait une victime de la société où il vit. Seule la désespérance sociale le rendrait sensible aux sirènes islamistes. Plus encore: l'exclusion qu'il subirait le pousserait à cette forme de résistance condamnable mais compréhensible que serait le terrorisme islamiste. Il y a plusieurs années, on avait déjà expliqué ainsi les assassinats de Mohamed Merah. Dans nos sociétés qui marginaliseraient les populations issues de l'immigration, la petite criminalité et la grande devraient être considérées comme des actes de résistance. En un mot, l'islamophobie serait à l'origine de l'islamisme. Peut-être est-ce une manière de garder mentalement le contrôle des événements: se dire coupable, c'est demeurer responsable des événements, c'est conserver une emprise sur eux. Si la civilisation occidentale s'amende suffisamment, la guerre cessera et la paix reviendra. Il faudrait s'ouvrir toujours davantage à la diversité pour contenir et refouler l'islamisme.

    On oublie une part essentielle de ce qu'on pourrait appeler la théorie de la guerre révolutionnaire, qui consiste justement à exciter les marges, les éléments sociaux instables et fragiles, pour faire naître chez eux une vocation au Djihad. Il s'agit justement d'exciter les pulsions morbides et de les convertir en un désir terroriste. Les vidéos relayés par l'État islamique où on voyait ses soldats et militants se transformer en égorgeurs avaient justement cette vocation. Pour le dire autrement, il s'agit de mobiliser les marginaux et les déclassés en les retournant contre l'ordre établi. C'est ainsi qu'un homme qui n'était pas fiché par les services de renseignement peut rapidement prendre un étendard et se retourner contre ses concitoyens qu'il ne voit pas comme des compatriotes. Celui qui se laisse convertir peut ainsi espérer une forme de gloire morbide qui transfigurera son existence en devenant un martyr glorieux d'une guerre sainte contre un Occident malfaisant.

    Cela ne date pas d'hier. Les théoriciens révolutionnaires ont toujours su qu'ils ne pouvaient pas se fier à leurs seuls moyens et qu'ils devaient travailler les contradictions sociales inscrites au cœur des sociétés qu'ils veulent bouleverser. Et le fait est que l'appel au Djihad trouve un écho dans les banlieues islamisées issues de l'immigration qui sont la cible d'une propagande antioccidentale permanente, par ailleurs relayée par un système médiatique qui les entretient dans ce sentiment victimaire. L'islamisme y trouve un bon terreau et pousse ainsi à la guerre civile entre les nations européennes et les communautés issues de l'immigration musulmane. On pourrait pousser plus loin la réflexion: qu'on le reconnaisse ou non, la perméabilité absolue des frontières contribue à ce climat anxiogène. Quoi qu'en disent les théoriciens de la diversité, une communauté politique exagérément hétérogène est appelée à vivre des contradictions culturelles de moins en moins soutenables.

    Le système médiatique semble vouloir préserver à tout prix le fantasme de la diversité heureuse, quitte à se couper du commun des mortels et à s'installer dans un univers parallèle. Il y a quelque chose de navrant à constater la puissance médiatique de ce logiciel contribuant à déréaliser l'agression subie depuis quelques années par la nation française, en la dispersant en milliers de faits divers dépolitisés, auxquels on refusera toute perspective d'ensemble. L'Occident sait pleurer mais ne sait plus vraiment combattre - il ne veut pas accepter qu'en guerre, on ne fonctionne plus comme en paix. Évidemment, ceux qui exigent une politique toute faite à la manière d'une douzaine de mesures bien identifiées contre l'islamisme s'illusionnent: bien évidemment, on peut et doit mener une guerre contre l'islamisme intérieur et extérieur mais elle ne sera pas gagnée en quelques mois. Mais ceux qui parlent du nécessaire réarmement moral des nations occidentales visent juste.

    On se demande encore comment certains ont pu s'opposer à la déchéance de nationalité pour les binationaux coupables de trahison ou de terrorisme. Ne permettait-elle pas de redonner au moins symboliquement une certaine force à l'idée de citoyenneté? De la même manière, on comprend l'irresponsabilité criminelle de ceux qui consentent à une immigration massive qui crée les conditions d'une fragmentation massive des pays de la vieille Europe. Qui croit encore qu'il faille s'ouvrir à toutes les différences, sans distinguer entre celles qui sont compatibles avec le monde occidental et celles qui ne le sont pas? Autre question: jusqu'où les sociétés occidentales accepteront-elles de voir la logique des droits de l'homme retournée contre elles, comme si elles devaient s'immoler sur l'autel d'un universalisme si radical qu'il les empêche de se défendre lorsqu'on les agresse?

    Le réarmement moral passe d'abord par un retour au réel.

    Mathieu Bock-Côté (Figaro Vox, 20 juillet 2016)

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  • La revue de presse d'un esprit libre... (17)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Avec, pour la dernière de la saison, au sommaire :

    • Baisse du QI moyen en Europe, une information bien référencée qui ne semble pas inquiéter outre mesure nos gouvernants qui continuent de célébrer la "diversité" et d'exiger de leurs populations qu'elles accroissent leur "compétitivité". Concernant le fait que la présence des immigrés en France freine la productivité, se reporter au livre de Christopher Caldwell, Une révolution sous nos yeux, éditions du Toucan, 2011, page 75.
     
     
    • En 2015, et pour la première fois, la population de l'Union européenne a décru malgré l'installation d'au moins 1,9 millions de migrants d'origine non européenne. Ce qui ne dissuade nullement les ONG "humanitaires" de conspuer une "forteresse Europe" qui se fermerait à la "diversité" pour se murer dans le repli sur soi.
     
     
    Natacha Polony, la police de la pensée et le journalisme en laisse. 
     
     
    • Le copinage valeur plus forte que la vertu ? C'est la question que pose l'OJIM après la réintégration de la délicate Agnès Saal au ministère de la culture.
     
     
    Hervé Juvin en libertés, semaine du 27 juin au 1 juillet. L'économiste répond aux questions des téléspectateurs de Tv-Libertés et ses répliques sont percutantes. Le retour du drapeau bleu, blanc, rouge dans les stades / Faut-il accepter les prélèvements automatiques / L'un des arguments du Brexit c'est l'irréversibilité de la construction européenne. Info ou intox ? / Que sont les taux d'intérêt négatifs ?
     
     
    • Selon Bernard Lugan l'Afrique du Nord est dans une phase d'implosion, d'explosion et de perdition (entretien avec Boulevard Voltaire, première référence). En se reportant à son blog on pourra lire ce qu'il écrit de la situation en Libye à la date du 3 juillet (seconde référence). Bernard Lugan vient par ailleurs de faire paraitre un copieux ouvrage consacré à l'histoire de l'Afrique du Nord aux éditions du Rocher et fait l'objet à ce propos d'une interview dans le dernier numéro de la Nouvelle Revue d'Histoire.
     
     
     
    • La diplomatie française au Moyen-Orient par Bruno Guigue. À partir de son expérience personnelle, et de ses propres déconvenues, l'ancien diplomate livre sa pensée sur ce qu'était la politique arabe de la France. Une politique aujourd'hui défunte à force d'erreurs de jugement et de suivisme par rapport aux seuls intérêts israélo-américains dans une région où nous jouons désormais les utilités.
     
     
    • Sur le Moyen-Orient et sa situation géopolitique complexe la polémologue Caroline Galactéros répond aux questions de Charlotte Amadis et de Daoud Boughezala sur le site de Causeur.
     
     
    Michel Drac présente une remarquable analyse du capitalisme néolibéral mondialisé. Celui-ci bute en effet sur des limites technologiques et environnementales qui font apparaitre tout retour de la croissance comme un fable racontée à des enfants. Les oligarchies occidentales, sur la défensive, sont passées dans ces conditions d'une politique de la carotte (redistribution équitable de la plus value entre le capital et le travail) à celle du bâton (prédation financière et casse sociale) dont le terrain privilégié semble bien être l'Europe, ventre mou de la scène mondiale. La présente intervention se situe dans le droit fil de son dernier ouvrage Triangulation, repères pour des temps incertains paru en octobre 2015 aux éditions Le retour aux sources.
     
     
    • Dans une magnifique série de dix émissions (une heure chacune) consacrées à l'histoire, Régis Debray donne toute la mesure de son talent. Si il fallait faire une sélection parmi ces chroniques étincelantes notre choix se porterait sur l'histoire de la construction européenne et aussi sur celle ayant trait au sacré et à ses avatars.
     
     
    Jérôme Leroy, rédacteur en chef du pôle culture de Causeur expliquait avant que le match n'ait lieu les raisons pour lesquelles il souhaitait la victoire de l'Islande sur la France.
     
     
    Éric Zemmour ironise sur cette gauche qui aime les perdants magnifiques, qui préfère Poulidor et déteste Anquetil, qui célèbre Michel Rocard comme elle adule Pierre Mendès France mais porte le florentin Mitterrand au pouvoir pour réaliser le programme de Terra Nova que véhiculait la deuxième gauche incarnée par Rocard, un idiot utile en quelques sortes dont Alain Finkielkraut juge qu'il est resté prisonnier d'un vision trop étroitement économique du monde. Cependant la pratique politique de cet esprit  brillant et torturé plus marquée par les échecs que par les succès ne manquait pas d'une certaine noblesse; mais peut-on être un politique accompli quand on manque à ce point de cynisme ? 
     
     

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    A propos du Brexit
     
    • Réaction d'Alain de Benoist, après le Brexit. Le Royaume uni s'est toujours senti plus proche des États-Unis (le "grand large") que de l'Europe, où il n'a cessé de jouer le rôle d'un cheval de Troie atlantiste et dont il n'a jamais pleinement accepté les règles. En ce sens, le divorce met fin à un mariage qui n'avait jamais été vraiment consommé.
     
     
    • Pour Hubert Védrine l'Union européenne devenue une énorme machine à normaliser s'est égarée dans un océan de règles ubuesques. Afin de répondre au décrochage généralisé que les peuples lui opposent il propose que l'on arrête de se faire peur avec le mythe du retour nauséabond des années 30, et l'adjonction dans le processus d'une véritable subsidiarité faisant toute sa place au maintien des nations souveraines et à l'identité des peuples. Constatant que depuis Lisbonne, rejeté par referendum mais ratifié par le Parlement on n'est plus dans la démocratie, il se lamente de la cécité d'élites qui ne veulent jamais se remettre en cause ce qui est la principale raison de la montée des populismes et propose d'user du choc du Brexit pour repenser l'Union européenne en profondeur.
     
    • Pour Jean-Michel Quatrepoint, le Brexit révèle la défaite de l'idéologie néolibérale de Reagan et de Thatcher. Si l'Europe prend son indépendance vie à vis des États-Unis, elle pourra exister comme puissance par la coopération des nations qui la constituent.
     
     
    Éric Zemmour réagit au vote des Britanniques en faveur du Brexit et aux réactions qu'il a suscité. De l'ironie bien sûr et beaucoup de réalisme.
     
    • Dans son émission I-média du premier juillet (Tv-Libertés) Jean-Yves Le Gallou se consacre pour l'essentiel au traitement médiatique du Brexit qui a donné aux journalistes une remarquable occasion de faire la preuve de leur sectarisme (première référence). Dans le numéro du 8 juillet Jean-Yves Le Gallou se penche sur le conférence de le rentrée de France Télévision. Décryptage d'I-Média. Le Brexit encore où l'émission souligne avec ironie que les "élites" doivent se soulever contre les masses ignorantes et teigneuses; mais cela fait plus de 20 ans que Christopher Lasch avait analysé ce phénomène symptomatique de notre époque dans La révolte des élites et la trahison de la démocratie éditions Flammarion pour l'édition française de 1996 (seconde référence).
     
     
     
    Clément Sirdey se moque bien quant à lui des diatribes nostradmesques des éditocrates européistes annonçant les sept plaies d'Égypte pour la Grande Bretagne après sa sortie de l'Union. Il rappelle cette forte parole de Jean-Claude Juncker destinée à s'inscrire dans le bêtisier de l'arrogance : "il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européen".
     
     
    • Sombrant dans les ténèbres de l'obscurantisme le peuple britannique a opposé un non catégorique à son maintien dans l'Union européenne. C'est du moins l'interprétation que donne, parmi bien d'autres, un homme de l'élite éclairée qui sait par définition ce qu'est l'intérêt du peuple dans son blog de L'ExpressMathieu Bock-Côté répond aux propos hyperboliques de BHL dans une tribune bienvenue du Figaro. Titre de sa chronique "Le peuple contre les despotes éclairés".
     
     
    • Un tout autre son de cloche avec sa suffisance Bernard-Henri Botul. Après avoir pronostiqué la défaite du Brexit, il écrit dans sa revue La règle du jeu : "Assez de ces relents nationalistes rances, assez de ces peuples qui dressent des murs avec leurs voisins, soyons modernes, irréprochables, inspirons nous du génie du judaïsme et prenons exemple sur Israël, phare des nations". Il est évident, sauf pour les demeurés, que "le phare des nations" ne dresse aucun mur pour se séparer de ses voisins. BHL serait-il adepte du double discours ? 
     
     
    • L'intellectuel britannique Phillip Blond donne son avis circonstancié sur le Brexit dans un intéressant entretien accordé au Figaro. Théoricien du Red Toryism il dresse un diagnostic sans appel de la situation en Occident et déclare : "Le vote en faveur du brexit exprime le plus grand rejet de la mondialisation qu'ait connu dans les urnes le monde occidental. Les bénéficiaires de la mondialisation, tous ceux qui culturellement comme financièrement se trouvent en phase avec le nouvel ordre du monde, sont désormais minoritaires dans la société".
     
     
    • Comment l'Union européenne a sacrifié en trente ans ses classes moyennes et sabordé son modèle social au bénéfice d'une minorité de privilégiés. Euthanasie en règle sur l'autel d'un libre-échangisme à l'échelle planétaire. Une analyse exemplaire de Véronique Nguyen, professeur affiliée à HEC, qui conclue qu'il n'est guère surprenant dans ces conditions que ces catégories lésées expriment leur colère et leur frustration par des votes iconoclastes qui laissent les élites médusées. 
     
     
    • Le FN principal gagnant du Brexit ? Bonne analyse.
     
     
    • Selon Bruno Mégret le Brexit ne changera pas la donne au Royaume Uni. Il considère cette sortie comme un symptôme et non comme un remède de la maladie bruxelloise. Si il se refuse à l'Union européenne telle qu'elle se trouve configurée aujourd'hui, il est partisan de la conserver à condition de la transformer en une machinerie de puissance se préoccupant de l'identité de ses peuples en mettant fin à l'immigration et en organisant la remigration, ce que le départ de la Grande-Bretagne pourrait rendre possible puisqu'elle a toujours voulu une Europe de l'atlantisme et du libre-échange.
     
     
    Jean-luc Mélenchon, en pleine forme à propos du Brexit, déclare au Parlement européen le 5 juillet que l'Union européenne, "soit on la change, soit on la quitte".
     
     
    • Devant une UE qui s'effiloche Jacques Sapir s'applique à penser l'avenir des nations européennes.
     
     
     
    • Les séides de l'oligarchie qui siègent à la Commission européenne n'ont pas de souci à se faire. Après le Brexit ils pourront toujours se recaser chez Goldman Sachs à l'image de leur ancien patron José Manuel Barroso dont le parcours, depuis qu'il dirigeait le mouvement maoïstes portugais, se révèle exemplaire. Du col Mao au Rotary il n'y a qu'un pas, et beaucoup de reptations couronnées par ce bâton de maréchal qui sonne comme l'aveu de services rendus (première référence). Comme le note très justement Michel Onfray dans sa dernière chronique mensuelle, ne pèse sur Barroso et ses semblables  aucune fatwa. C'est la grande différence avec Alain de Benoist (seconde référence). Suit la pluie de critiques politiciennes qui a suivi cette annonce de la banque. Elle permet de mesurer la duplicité de la plupart de nos dirigeants (troisième référence). Enfin le jugement de Maxime Tandonnet selon qui ce parachutage bardé d'or ne peut que renforcer les soupçons de l'Europe d'en bas vis à vis des connivences de l'Europe d'en haut avec "la finance mondiale" et ainsi favoriser le "populisme" en vérifiant un de ses principaux arguments (quatrième référence).
     
     
     
     
     
     
    • Démocratie ? Les curieuses conceptions que s'en fait "l'expert" François Jost, chroniqueur de L'Obs, ou quand le galimatias rhétorique ne parvient qu'à démontrer l'inanité d'un discours emberlificoté plaidant pour une démocratie sublimée qui se passerait des électeurs.
     
     
    • Certains authentiques "démocrates" semblent partisans d'une euthanasie des vieux électeurs britanniques. Leur remarques désobligeantes montrent l'indigence de leur raisonnement. En effet ces commentateurs ne semblent pas se rendre compte qu'en France comme en Autriche ce sont les électeurs sénescents qui constituent l'obstacle principal à la victoire du "populisme" ? Ci-joint un article de Richard Dessens pour Euro-Libertés.
     
     

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    • Analyse du récent ouvrage d'Alexandre Latsa Un printemps russe (Édition des Syrtes) par Bernard Mazin sur Polémia (première référence). Alexandre Latsa s'entretient avec Jean-Michel Vernochet sur le printemps russe et la diabolisation de Poutine et de la Russie par les médias (seconde référence). Enfin il répond aux questions de Télé-Libertés (troisième référence).
     
     
     
     
     
    Paul Moreira, candide journaliste d'investigation qui s'était rendu célèbre par son documentaire non conforme intitulé Ukraine. Les masques de la révolution diffusé en février dernier sur Canal +  explique comment la perception d'un événement est filtrée par les médias censeurs. Il met en cause dans cet interview le manichéisme des grands organes de presse occidentaux en accord avec les manipulations du département d'État américain et des néo-cons. Ceux-ci agitant pour leurs basses oeuvres les milices nationalistes ukrainiennes avec la complicité active de l'Union européenne.
     
     
    • S'interrogant sur l'épistémé de la post-modernité occidentale le penseur croate Jure Georges Vujic note que la rétrospective loin d'être une simple mode est devenue une stratégie de marché du capitalisme tardif qui récupère et commercialise les idées, les mythologies, les produits de la "subversion" et la contre-culture libertaire de gauche dans un recyclage sans fin du vintage. Brillant développement sur le pastiche et l'histoire comme marchandise.
     
     
    • Conflits numéro 10 vient de paraitre (juillet-septembre). Éditorial de Pascal Gauchon. Au sommaire, les enjeux du sport, entretien avec Pascal Boniface, portrait de Lavrov par Frédéric Pons, le retour de l'armée russe, la grande stratégie de Frédéric II
     
     
    • Belle et brillante critique du dernier livre d'entretiens donnés par Rémi Brague, Où va l'histoire par Pierre Le Vigan. Rémi Brague est philosophe de profession spécialisé dans la philosophie chrétienne et musulmane de l'époque médiévale.
     
     
    • Critique laudative du Putain de Saint Foucault  de François Bousquet par Thierry Durolle sur le site d'Europe Maxima.
     
     
    François Bousquet rédacteur en chef adjoint de la revue Éléments s'entretient avec la rédaction de Rébellion sur le cas de Jean-Edern Hallier.
     
    • Le grand malaise des agriculteurs français lancés dans une course à la modernisation sous peine de mort rapide. Étranglé par les normes toujours plus complexes, toujours plus contraignants ils sont forcés à définir leur voisins comme des ennemis illustrant ainsi la doctrine libérale de la guerre de tous contre tous.
     
     
    • Éditorial du nouveau numéro de la la Nouvelle Revue d'Histoire (juillet-août 2016) par Philippe Conrad, son directeur, et sommaire.
     
     
    • L'entretien avec Jean Haudry publié dans la Nouvelle Revue d'Histoire (hors-série numéro 11) est désormais disponible sur le site de l'Institut Iliade. Il s'agit d'une critique du livre négationniste de l'archéologue Jean-Paul Demoule intitulé Où sont passés les Indo-européens ?
     
     
    • Le site theatrum belli publie un texte d'Alain de Benoist consacré aux héros et aux "péchés du guerrier" dans la tradition indo-européenne.
     
     
    • Les conséquences de l'ethnocide des Amérindiens au Canada.
     
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  • Le peuple contre les « despotes éclairés »...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Mathieu Bock-Côté, cueilli sur le Figaro Vox et consacré au mépris dont font preuve les "élites" progressistes à l'égard du peuple. Docteur en sociologie et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada, Mathieu Bock-Côté vient de publier Le multiculturalisme comme religion politique (Cerf, 2016).

     

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    Brexit : le peuple contre les « despotes éclairés »

    Quelques jours avant le référendum sur le Brexit, alors que les partisans du Leave et du Remain s'opposaient vigoureusement en Grande-Bretagne, Jacques Attali confessait sur son blogue de L'Express le fond de sa pensée. Je la résume d'une formule: ce qui l'indignait dans ce référendum, c'était fondamentalement qu'on le tienne. On peut reprendre ses mots: «un tel réferendum implique qu'un peuple peut remettre en cause toute évolution considérée jusque-là comme irréversible, telle qu'une réforme institutionnelle, une conquête sociale, une réforme des mœurs». On devine aujourd'hui sa colère: un peuple à son avis insuffisamment éclairé se serait permis d'entraver la marche de l'histoire, qui passerait par le démantèlement progressif de l'État-nation. La construction européenne irait tellement de soi qu'il ne devrait pas vraiment être possible de ne pas l'endosser. Une fois la vision de Jacques Attali inscrite dans les institutions et le droit, il ne devrait plus être permis de revenir en arrière. Notre roi-philosophe improvisé, manifestement, croit savoir le sens du progrès et ne tolère pas qu'on le discute. À la rigueur, il veut bien tolérer que nous ne progressions pas à son rythme: les lumières sont inégalement distribuées en ce monde. Mais on ne saurait toutefois prendre une autre direction que la sienne. Ça, c'est interdit.

    Étrange perspective sur le monde. La démocratie, ici, ne se pense plus sous le signe de la délibération mais de la révélation - et il s'agit d'une révélation presque religieuse, qui se présente sous le signe du progrès. Cette révélation, c'est que l'humanité devrait toujours pousser plus loin sa marche vers l'indifférenciation et déconstruire les catégories historiques ou anthropologiques qui résistent à ce mouvement. Les civilisations, les peuples et les religions devraient progressivement s'effacer pour que se dessine une humanité réconciliée par un métissage intensif. Les États seraient des structures politiques périmées: il faudrait les déconstruire aussi pour que prenne place progressivement une forme de gouvernance mondiale, qui s'alimenterait bien évidemment, on s'en doute, des sages conseils de Jacques Attali et des autres consciences exemplaires et lumineuses du genre humain. Une technocratie globalisée, délivrée des frontières trop étroites des vieilles nations et particulièrement, des vieilles nations européennes, pourrait ainsi piloter la marche du monde à l'abri des regrettables passions populaires. Il faudrait pour cela travailler activement à la mondialisation des enjeux politiques.

    On comprend dès lors la sympathie militante de Jacques Attali pour les différents visages de l'idéologie dominante: cosmopolitisme, supranationalisme, multiculturalisme, tout ce qui pousse à la dénationalisation du monde rencontre manifestement son approbation. Tout cela, Jacques Attali le justifie au nom du progrès, qu'il saurait apparemment définir objectivement. On se demandera peut-être comment un homme si intelligent peut construire aussi ouvertement une pensée antidémocratique. Car on connaît la suite du raisonnement: il faudrait «sanctuariser le progrès» et rendre à peu près impossibles à révoquer les grandes avancées sociétales ou identitaires qu'il embrasse. Il nous invite ainsi à faire une liste, assez longue, on s'en doute, des sujets qui devraient être éloignés des sales pattes du peuple. Car tel est l'enjeu: réserver les grandes questions de société à ceux qui sont assez éclairés pour se prononcer à leur sujet et qui communient à la même révélation que lui. Il propose d'ailleurs une mécanique fort complexe pour mettre les grands progrès sociaux à l'abri de la souveraineté populaire, en prétendant d'ailleurs se porter à la défense de l'œuvre des générations passées contre le saccage des vivants: on retrouve là, étrangement, une tournure d'esprit propre à la pensée contre-révolutionnaire, ce qui étonne chez un homme de gauche comme Jacques Attali.

    On me pardonnera de le citer un peu longuement, mais je ne voudrais pas qu'on m'accuse de déformer sa pensée: «En particulier, une génération devrait y réfléchir à deux fois avant de modifier une situation ayant un impact sur les générations suivantes. Il faudrait ensuite modifier la procédure de réforme constitutionnelle, pour s'assurer qu'un vote de circonstances ne puisse avoir des conséquences de long terme non désirées. Toute décision ayant un impact lourd sur le sort des générations suivantes, ne devrait pas pouvoir être prise par une majorité de moins de 60% des votants, réaffirmée à trois reprises à au moins un an d'écart. Certains ne verront dans cette prise de position qu'une tentative désespérée d'une oligarchie dépassée pour maintenir un ordre démodé, en méprisant les désirs des peuples. Il s'agit au contraire de donner aux peuples le temps de réfléchir aux conséquences de ses actes et d'éviter qu'une génération, par caprice, ne détruise ce que les précédentes ont voulu laisser aux suivantes». Le peuple serait-il néanmoins consulté au moment de mettre en place cette mécanique qui le déposséderait de pouvoirs essentiels?

    Cette tentative de neutralisation politique du peuple comme de la nation n'est pas si neuve. Elle témoigne, de manière caricaturale, peut-être, du préjugé antidémocratique d'une frange importante des élites contemporaines, qui n'en finissent plus de disqualifier le peuple moralement, comme s'il n'était plus habilité à se prononcer et à décider dès qu'une question essentielle surgit dans la vie publique. C'est d'ailleurs pour cela qu'on assiste aujourd'hui à une judiciarisation croissante des enjeux politiques et sociétaux: on croit les tribunaux plus adaptés à la délibération dans des sociétés plurielles et complexes comme les nôtres. Ils se déroberaient à la loi du nombre et surtout, dans une société qui se représente à travers la figure de la diversité, ils éviteraient que ne se concrétise la crainte profonde d'une tyrannie de la majorité sur les minorités. Le remplacement de la souveraineté populaire par le gouvernement des juges contribue évidemment à la dégradation gestionnaire de la politique démocratique, puisque les enjeux qui touchent à la définition même de la communauté politique sont chassés du débat public.

    Dans ce grand procès du peuple, on diabolise d'ailleurs le référendum, puisqu'il permettrait au peuple d'investir une question fondamentale de ses passions particulières: il ne se pencherait pas sur la question référendaire comme sur une question d'examen. Il la politiserait, l'inscrirait dans un contexte plus vaste. Apparemment, ce serait impardonnable. Il suffit pourtant de se souvenir du référendum de 2005 sur la constitution européenne pour se souvenir de semblables propos: une fois la victoire du Non reconnue, on reprocha à Jacques Chirac d'avoir consulté le peuple. Plus encore, certains reprochèrent à Chirac d'avoir tenu un référendum national, qui viendrait ainsi reconduire la légitimité de l'espace national comme lieu de la décision démocratique. Le philosophe Jürgen Habermas arrivera plus tard avec sa solution: le seul référendum européen valable serait celui qui convoquerait dans une même consultation l'ensemble du peuple européen, ce qui lui donnerait au même moment l'occasion de se constituer. On devine une objection majeure, que le philosophe ne peut balayer simplement du revers de la main: un peuple n'est pas qu'un artifice juridique et il ne suffit pas de décréter son existence pour le faire advenir dans la réalité de l'histoire. Le peuple n'est pas une construction sociale artificielle: c'est une réalité historique profonde.

    C'est une même haine du peuple qui se fait maintenant sentir depuis la victoire du Leave. Sur les médias sociaux, on se déchaine contre le référendum. Helene Bekzemian, journaliste au Monde, a suggéré dans un tweet, à la suite de la victoire du Leave, de retirer le droit de vote aux électeurs trop vieux. Devant le tollé qu'elle a provoqué, elle s'est ensuite trouvée une position de repli: elle faisait de la provocation! C'était une blague! Mais, a-t-elle pris la peine de préciser, on devrait quand même réfléchir au fait que la vieillesse imposait ici ses choix à la jeunesse, alors qu'elle n'aurait pas à vivre dans le monde pour lequel elle venait de voter. Singulière tournure d'esprit: imagine-t-on la réaction si un journaliste marqué à droite avait, sous le couvert de l'humour, proposé de retirer le droit de vote à certaines catégories de la population? On aurait crié à la phobie. Ce commentaire est symptomatique, d'ailleurs, des préjugés idéologiques d'une caste médiatique qui construit le débat public en présentant les contradicteurs de l'idéologie dominante comme des démagogues ou des demeurés, les premiers misant sur les seconds pour acquérir pouvoir et prestige.

    On le sait, quand le peuple ne partage pas les préjugés des élites médiatiques et économiques, on n'hésite pas à l'accuser de populisme: cette catégorie fourre-tout aux définitions si nombreuses qu'elles sont généralement contradictoire permet tout simplement de disqualifier la désobéissance politique du commun des mortels devant ceux qui prétendent le mettre en tutelle. Mais toujours on bute sur un peuple qui s'obstine à ne pas disparaître, qui demeure plus souvent qu'autrement fidèle à sa culture et ses traditions et qui n'apprécie pas trop qu'on le surplombe moralement comme s'il était une bête politique inquiétante à dompter. Dans la démocratie contemporaine, on pratique l'animalisation du peuple, ou pire encore, sa bestialisation. On peut voir les choses autrement: la tenue d'un référendum, parce qu'elle permet un retour au peuple, déprend le débat public des grands paramètres de la respectabilité médiatique et de certaines catégories idéologiques fossilisées, permet au politique de resurgir dans l'histoire et de redéfinir les termes du débat public. Le corset trop étroit de la rectitude politique peut alors éclater: il ne faut pas y voir un déchainement sauvage de passions malsaines mais une redécouverte de la part existentielle du politique.

    Retour à Jacques Attali. Dans le cadre du débat sur le Brexit, il a témoigné d'une forme de fondamentalisme progressiste révélant une triste obsession antinationale et antidémocratique. Il n'y a pas, en démocratie, de doctrine à ce point sacrée qu'elle devrait surplomber toutes les autres et écraser à l'avance ses contradicteurs, en affichant simplement sa splendeur morale. On pourrait retourner l'argument contre Attali: que ferait-il si des traditionalistes aussi convaincus que lui d'avoir une vérité révélée à imposer à la population réclamaient la possibilité de faire l'économie de la démocratie? Que dirait-il si ces traditionalistes voulaient par exemple sanctuariser le mariage, ou la vie, ou l'identité nationale, et voulaient blinder juridiquement et constitutionnellement leurs propres préférences politiques, quitte à transformer Jacques Attali en contradicteur impuissant, dépossédé politiquement? On devine qu'il dénoncerait une inadmissible manœuvre antidémocratique, et il aurait évidemment raison. Il nous permettra de penser la même chose de sa proposition. La démocratie est fondée sur un principe fondamental: celui de la possibilité, pour les hommes, de définir les formes de l'existence collective. Cela présuppose le libre-examen de toutes les croyances et convictions: même celles de Jacques Attali.

    Mathieu Bock-Côté ( Figaro Vox, 27 juin 2016)

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